Immigration et emploi : comment évolue la place des immigrés sur le marché du travail en PACA ?

Publié le 10 octobre 2023 | Dernière mise à jour le 19 octobre 2023

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Le 19 septembre 2023, l’INSEE présentait, lors d’une conférence de presse, les résultats d’une étude menée en partenariat avec la DREETS sur l’immigration et l’emploi en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Comment définit-on un immigré ? Où sont réparties les populations immigrées en région PACA ? Quels métiers sont concernés ? Quel est le rôle de la DREETS dans l’accompagnement vers l’emploi ? Retour sur les résultats de cette enquête.

En 2020, 560 000 personnes immigrées, selon la définition de l’INSEE, résident en Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit 11 % de la population au 2e rang après l’Ile-de-France (20 %). Cette part progresse peu puisqu’en 1999, elle était de 10 %. Les populations immigrées proviennent principalement des pays d’Afrique et notamment du Maghreb (51 %), d’Europe du Sud (36 %). Quatre personnes immigrées sur dix ont acquis la nationalité française.

Gilles Fidani, chargé de valorisation de l’information statistique, pilote du recensement de la population à l’INSEE, Olivier Sanzeri, statisticien, chef de projets de l’action régionale à l’INSEE, Stéphane Lhermitte, chef du service études et diffusion, directeur régional adjoint de l’Insee PACA et Jean-Philippe Berlemont, directeur régional de la DREETS PACA.

 
Définition

Selon l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Cela inclut les personnes ayant acquis la nationalité française, mais exclut les Français de naissance nés à l’étranger et résidant en France et les étrangers nés en France. C’est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l’origine géographique d’un immigré. Le site de l’INSEE.

 

Une population éloignée de l’emploi
Les immigrés sont plus fréquemment en âge de travailler que les non-immigrés. Ils sont dans l’ensemble moins diplômés, bien qu’aussi souvent titulaires d’un diplôme de niveau bac +5 ou supérieur.
Quels que soient leur sexe, âge ou niveau de diplôme, les immigrés sont moins souvent en emploi et plus souvent au chômage que les non-immigrés. Les femmes sont particulièrement éloignées de l’emploi.
204 000 immigrés travaillent en région PACA. Ils représentent 11 % des actifs en emploi. Le taux d’emploi s’élève à 56 % pour les populations immigrées alors qu’il est de 46 % seulement pour les femmes immigrées. Ils sont surreprésentés dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des services administratifs, de l’agriculture et de la construction.

 

Des situations d’emploi différentes de celles de la population générale
L’étude précise que quel que soit le sexe, la proportion de personnes non scolarisées sans diplôme est près de deux fois plus importante parmi les immigrés tandis que la part de diplômés d’un bac +5 ou plus est quasiment identique.

 

Elle révèle également que les immigrés sont surreprésentés parmi les travailleurs dans la construction, l’hébergement-restauration, l’agriculture et les activités de services administratifs et de soutien. Ils occupent plus fréquemment des métiers contraignants et non qualifiés. Ils sont aussi plus souvent déclassés par rapport à leur niveau de diplôme.

 

Ces données interrogent car ce déclassement peut être corrélé à des facteurs objectifs (certains emplois sont réservés aux ressortissants européens ou nationaux, les diplômes étrangers peuvent n’être pas reconnus ou seulement à l’issue d’une procédure qui retarde l’accès à l’emploi) mais il peut également résulter de pratiques discriminatoires.

 

Les immigrés occupent moins souvent un emploi que les non-immigrés. En 2020, 56 % des immigrés âgés de 15 à 64 ans non scolarisés occupent un emploi, soit 16 points de moins que les non-immigrés.
Ces chiffres ont peu évolué en dix ans. Le taux de chômage des immigrés (22 %) est presque deux fois supérieur à celui des non-immigrés (12 %). Là encore, cet écart s’explique en partie par des considérations objectives de recrutement : le niveau de diplôme, la situation familiale ou encore l’âge. Toutefois, même à situation équivalente sur ces différentes dimensions, les immigrés occupent moins souvent un emploi que les non-immigrés. Par exemple, le taux d’emploi des immigrés titulaires d’un bac +2 est de 65 % (81 % pour les non-immigrés).

 

La DREETS en première ligne
La DREETS s’implique fortement dans les politiques en faveur du plein emploi et de développement des compétences pour l’ensemble des publics dont les personnes immigrées. Pour ces dernières, elle intervient particulièrement en matière d’accès aux droits, d’apprentissage linguistique de développement des compétences et d’accès au logement, afin de favoriser une insertion professionnelle rapide, gage d’une intégration réussie.

 

Le contrat d’intégration républicaine, première étape vers l’emploi
La loi du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers en France a réformé le dispositif d’accueil et d’intégration des étrangers accédant pour la première fois au séjour en France et désireux de s’y installer durablement. Elle a créé un parcours personnalisé d’intégration républicaine d’une durée de 5 ans.

 

La première étape de ce parcours est marquée par la signature d’un contrat d’intégration républicaine, le CIR entré en vigueur le 1er juillet 2016. Ce contrat s’articule autour d’une formation civique étoffée, d’un renforcement du niveau linguistique et d’un accompagnement adapté. Il vise donc à renforcer :

 
  • l’individualisation de l’accueil des étrangers primo-arrivants, grâce à un entretien personnalisé permettant une évaluation des besoins et une orientation vers les services appropriés ;
  • la qualité des formations obligatoires, civique et linguistique, constitutives des fondamentaux de la République et de la société françaises.
    Par la signature du CIR, l’étranger primo-arrivant s’engage à respecter les principes et valeurs de la société française et de la République et à suivre avec sérieux et assiduité les formations qui lui sont prescrites.
    le site du MIOM .
     

AGIR pour les réfugiés
Le programme AGIR vise à proposer aux personnes réfugiées éligibles un parcours d’intégration personnalisé de 24 mois maximum. Un réfugié est, par définition, une personne dont la demande d’asile a été acceptée.

Déployé en 2022 sur les départements des Bouches du Rhône et des Alpes-Maritimes, et en 2023 sur les départements du Var et de Vaucluse le programme AGIR sera généralisé sur l’ensemble des départements en 2024.

 

Ce dispositif repose sur :

  • Un accompagnement global des bénéficiaires (sur 20 mois maximum) par la mise en place d’un binôme de référents sociaux (emploi/formation et accès aux droits/logement) permettant d’activer les dispositifs spécifiques ou de droit commun ;
  • Une coordination de l’ensemble des acteurs au niveau départemental ;
  • La création de partenariats locaux pour garantir l’accès effectif aux droits.
  • Ce programme à permis d’accompagner 8 000 bénéficiaires de la Protection Internationale en 2022 en France.
     

Le PRIC, clé de voûte de l’insertion professionnelle

La formation professionnelle est un outil majeur pour accéder à l’emploi et s’y maintenir durablement. C’est également un levier de cohésion sociale et de développement économique.

 

C’est la raison pour laquelle l’Etat a lancé en 2018 le Pacte régional d’investissements dans les compétences, PRIC, dont le pilotage est assuré par Pôle emploi et la DREETS Provence-Alpes-Côte d’Azur, propose des parcours de formation vers l’emploi durable aux jeunes et aux demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés. L’ambition de ce programme est d’aller à la rencontre des personnes inscrites ou non à Pôle emploi de niveau inférieur au Bac qui se retrouvent en marge des institutions et en situation de précarité ou d’isolement.

 

Et les résultats sont là !

 

Entre 2019 et 2022, le PRIC a permis de définir 98 161 parcours de formation (objectif fixé par le Gouvernement 80 000) dont 55 975 parcours qualifiants et 42 186 parcours de compétences clés. Grâce au PRIC, le taux de retour à l’emploi dans les 6 mois suivant la formation s’élève à 58,9 % en région PACA.

 

Les chiffres clés du PRIC 2019-2022 .

Le Service Etudes, Statistiques et Evaluation de la DREETS
La mission du SESE est d’éclairer la réflexion stratégique des services ainsi que l’ensemble des acteurs régionaux intervenant sur les politiques mises en œuvre par la DREETS.
 Il produit et diffuse des statistiques, études, et des travaux d’aide à la décision dans les domaines de l’emploi, du travail, de l’économie et de la formation professionnelle pour répondre aux besoins des acteurs internes de la DREETS.
Ses publications, indicateurs clés, et outils de pilotage territorialisés sont mis à disposition des agents et du public sur le site internet régional de la DREETS.
 Il apporte une capacité d’expertise dans les domaines de la statistique, des études, de la prospective et de l’évaluation
 Il contribue au débat public régional en développant des collaborations et des partenariats avec d’autres services d’études en région (Insee, Dares, Région...)
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